
L’accueil des élèves allophones en maternelle représente une opportunité unique de construire les bases d’un plurilinguisme harmonieux et d’une intégration réussie dans le système éducatif. La reconnaissance de leur richesse linguistique et culturelle, combinée à des pratiques pédagogiques adaptées, permet de transformer ce qui pourrait être perçu comme une difficulté en un véritable atout pour tous les élèves de la classe.
Les élèves allophones en maternelle font face à un double défi : l’acquisition du français comme langue de scolarisation et l’adaptation aux codes de l’école française. À cet âge, ils développent simultanément leur langue première et le français, ce qui diffère des élèves plus âgés qui possèdent une structuration linguistique plus avancée dans leur langue d’origine.
Créer un environnement sécurisant
Les premiers jours de classe posent les bases d’une relation de confiance avec l’école. L’élève allophone nouvellement arrivé en maternelle sera nécessairement déstabilisé par ce nouvel environnement linguistique. Ses repères seront bouleversés. Une attention toute particulière et un environnement de classe sécurisant favoriseront son adaptation et son entrée progressive dans les apprentissages.
Quelques exemples de pratiques préconisées :
- Accueillir l’enfant et sa famille dans leur langue d’origine quand c’est possible (mots de bienvenue, signalétique multilingue)
- Echanger avec l’élève dès le premier jour, favoriser les interactions duelles ou en petit groupe. (Les EANA peuvent être impressionnés par l’expression en grand groupe dans les premiers temps). Renforcer ces échanges par des gestes, mimiques, regards bienveillants
- Mettre en place des rituels prévisibles et structurants
- Aider l’élève dans sa socialisation : encourager ses camarades à communiquer et jouer avec lui
La scolarisation en école maternelle se passe généralement très bien pour les élèves allophones qui entrent naturellement en communication. L’apprentissage du français se fait par imitation, au grès des interactions, et au cours d’activités structurées proposées en petits groupes. L’inquiétude est par contre communicative. Un enseignant confiant dans les capacités d’adaptation et de progrès de l’élève allophone transmettra sa confiance à celui-ci.


Valoriser le capital linguistique et culturel
L’approche interculturelle et plurilingue permet de reconnaître et valoriser les langues et cultures d’origine des élèves. Donner sa place aux langues premières permet à l’élève de trouver harmonieusement sa place à l’école.
- Encourager les familles à maintenir la pratique de la langue première à la maison
- Intégrer des comptines, histoires et références culturelles diverses
- Proposer des contes et albums bilingues
- Proposer des séances d’éveil aux langues qui seront bénéfiques pour l’ensemble des élèves de la classe. De nombreux exemples figurent dans le Guide Eduscol pour l’éveil à la diversité linguistique
Collaborer avec les familles
L’implication des parents est essentielle :
- Inviter les parents à partager des éléments de leur culture (chants, recettes, contes) avec la classe (au cours de la semaine des langues par exemple)
- Faciliter la médiation linguistique lors des rencontres individuelles (voir ressources en bas de l’article)
- Proposer aux parents allophones la fréquentation d’un atelier OEPRE de proximité (« Ouvrir l’école aux parents pour la réussite des enfants »)
Approches pédagogiques
Quelques exemples favorisant la progression de l’élève en langue française :
- Privilégier une approche multisensorielle (visuelle, auditive, kinesthésique)
- Renforcer le langage par des gestes, mimiques et supports visuels
- Développer des séquences spécifiques d’apprentissage du lexique de base
- Mettre en place des ateliers de langage en petits groupes
Evaluation et suivi des progrès :
- Observer les compétences communicationnelles globales au-delà du seul français
- Valoriser les progrès plutôt que mesurer les écarts à la norme
- Suivre l’évolution du langage
Ressources complémentaires :