Ostensible ? Ostentatoire ?

Maintenant que le Conseil d’Etat a pris sa décision et que l’Abaya comme le Qamis, sont désormais confirmés comme des tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse, sur la foi des nombreux témoignages des élèves qui les ont autrefois portés, je vous propose un point de vocabulaire qui peut aider à l’appropriation des enjeux de la laïcité à l’école :

Ostentatoire :
Qui est montré avec ostentation, c’est-à-dire, selon le Larousse, “un étalage indiscret d’un avantage ou d’une qualité. L’attitude de quelqu’un qui cherche à se faire remarquer. Exemple : parler avec ostentation de ses succès.”
Ce mot est utilisé dans la circulaire nº 1649 du 20 septembre 1994, dite circulaire “Bayrou”, qui fait la différence entre symboles religieux “discrets” autorisés en classe, et “ostentatoires” devant être interdits.

Ostensible :
Que l’on ne cache pas, qui est fait avec l’intention d’être vu, toujours selon le Larousse.
C’est le mot qui a été choisi pour le texte de la loi n° 2004-228 du 15 mars 2004, encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. Cette loi dit en substance simplement que “dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.” Vous l’avez compris, le mot “ostensible” est plus contraignant que le mot “ostentatoire”. La loi de 2004 va donc plus loin que la circulaire “Bayrou”. Les signes discrets étant bien toujours autorisés. La loi du 15 mars 2004 correspond par ailleurs à l’Art. L. 141-5-1 du code de l’Education.

La confusion entre ces deux mots se rencontre encore trop souvent. Pourtant, au sein de la commission Stasi de 2003, on a débattu du terme approprié (ostensible ou ostentatoire ?), avant que le mot “ostensible” soit choisi pour la rédaction de la loi.

Il était important pour moi de faire cette précision, car l’esprit de la loi de 2004 dont l’appropriation par tous est indispensable, réside largement dans ce mot “ostensible”. 

La loi elle-même ne précise pas ce qu’est un signe ou une tenue par lesquels les élèves manifesteraient ostensiblement une appartenance religieuse. La circulaire du 18 mai 2004 désigne le voile, la Kippa et la croix comme de tels signes. Le conseil d’Etat a statué le 5 décembre 2007 sur le turban sikh qui a rejoint alors la liste des signes qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse. Enfin, la note de service du 31 août 2023, considère que l’Abaya et le Qamis sont des tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse également, ce que vient de confirmer le Conseil d’Etat (7 septembre 2023).

Hafid Adnani

Inspecteur d’Académie -Inspecteur Pédagogique Régional Etablissements et Vie Scolaire  

Référent académique “réseaux établissements”- Membre de l’équipe académique “Laïcité et valeurs de la République”

Rectorat de l’Académie de Nice