Le 30 avril était remis au président de la république le rapport « Enfants et écrans, À la recherche du temps perdu ».
La Commission qui a rédigé ce rapport dresse un ensemble de constats sur l’exposition des enfants aux écrans :
- les enfants, à l’image de leurs parents, évoluent dans un univers dans lequel les écrans et le numérique occupent une place prépondérante. Les enfants sont très largement exposés et de plus en plus jeunes, aux écrans, que ce soit au sein de leur domicile, à l’école, dans l’espace public, et avec les équipements dont ils peuvent disposer pour leurs usages propres ;
- les écrans ont des conséquences néfastes sur plusieurs aspects de la santé somatique des enfants et des adolescents. En particulier, l’utilisation des écrans contribue, directement ou indirectement, aux déficits de sommeil, à la sédentarité et au manque d’activité physique, à l’obésité et à l’ensemble des pathologies chroniques qui en découlent, ainsi qu’aux problèmes de vue ;
- les études sur les conséquences des écrans sur le neurodéveloppement des enfants et des adolescents nécessitent encore d’être approfondies ;
- la notion “d’addiction aux écrans” en tant que telle n’est pas encore reconnue par la science, mais les “écrans”, et en particulier l’utilisation des réseaux sociaux peuvent apporter des facteurs de risque supplémentaires lorsqu’il y a une vulnérabilité préexistante chez un enfant ou un adolescent, notamment de dépression ou d’anxiété ;
- l’accès non maitrisé des enfants aux écrans et l’insuffisante régulation des contenus auxquels les mineurs peuvent être exposés, en matière de pornographie et d’extrême violence, font peser un risque élevé sur leur équilibre, voire parfois leur sécurité. Ils soulèvent des questions sur le plan sociétal, par exemple avec la diffusion massive de certains stéréotypes ou représentations délétères sur les relations entre les hommes et les femmes, sur la sexualité, sur le “vivre ensemble”.
La commission formule 29 recommandations et notamment :
- renforcer la recommandation en vigueur de ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans, et de déconseiller leur usage jusqu’à l’âge de 6 ans, ou tout au moins qu’il soit fortement limité, occasionnel, avec des contenus à qualité éducative, et accompagné par un adulte.
- Après 6 ans, tendre vers une exposition modérée et contrôlée, qui trouve sa juste place parmi des activités qui se doivent d’être diversifiées et variées pour le développement des enfants et des adolescents.
- La Commission estime ainsi qu’il n’est pas opportun que les enfants disposent de téléphone portable avant l’âge de 11 ans, soit l’entrée dans le secondaire ; qu’à partir de 11 ans, s’ils disposent d’un téléphone, il est recommandé que celui-ci ne puisse pas être utilisé pour se connecter à Internet ; qu’à partir de 13 ans s’ils disposent d’un téléphone connecté, il ne doit pas permettre d’accéder aux réseaux sociaux ni aux contenus illégaux ; qu’à compter de 15 ans, âge symbolique de la majorité numérique, l’accès aux réseaux sociaux soit limité à ceux pourvus d’une conception éthique.