Les substances antagonistes du récepteur nicotinique

Propriétés et origines

Un antagoniste est une substance qui possède la propriété d'inhiber l'ouverture du récepteur nicotinique.

Cobratoxine

Origine

Naja samiensis par Subhro Ganguly (Licence CC)
Le modèle étudié dans ce dossier est une cobratoxine provenant de Naja samiensis ("cobra cracheur noir et blanc")
Ce serpent est retrouvé sur une aire de répartition vaste, en Asie du Sud-Est (Thaïlande, Laos, Vietnam, Cambodge et Birmanie). Il peuple des zones de forêts ouvertes ou des zones cultivées (dont des rizières) et supporte des environnements dégradés. Il peut être retrouvé à proximité d'habitations humaines où il chasse les rongeurs de son régime alimentaire.
Son surnom de cobra cracheur provient du fait qu'en cas de menace il dresse sa tête et projette son venin jusqu'à plusieurs mètres en direction de son agresseur.

Statut de conservation - Aire de répartition

Informations sur le site de IUCN red list
Carte de répartition sur le site de IUCN red list Comme les autres cobras, il est chassé pour une utilisation dans la pharmacopée chinoise. Sa peau n'est pas de qualité commerciale.

Toxicologie

La cobratoxine est un peptide de grande dimension. Elle reconnaît de façon spécifique des acides aminés sur la face interne et externe du site de fixation à l'acétylcholine. Son affinité est très élevée pour les récepteurs nicotiniques musculaires et certains types de récepteurs du Sysytème Nerveux Central. Sa fixation sur les récepteurs est permanente.

Conotoxine

Origine

Conus imperialis par Richard Parker (Licence CC)
Conus imperialis, appartient à la famille de mollusques des cônes marins.
Ces gastéropodes prédateurs produisent un venin utilisé en défense ou au cours de la chasse afin d'immobiliser leur proie.

Statut de conservation - Aire de répartition

Répartis sur l'océan Pacifique et une partie de l'océan Indien.
Carte de répartition sur le site Conus Biodiversity Database (Burke University - Washington)

Toxicologie

Les conotoxines sont généralement de courts peptides ayant pour cible des neurorécepteurs ou des canaux ioniques avec une haute spécificité pour chaque sous-type. Cette spécificité en fait une piste de recherche intéressante pour la mise au point d'inhibiteurs synthétiques adaptés au traitement de certaines pathologies.
Source : Conotoxins that confer therapeutic possibilities (review)

Curares

Origine

Strychnos toxifera (Koehler 1887) (Licence CC)
Préparés à base de lianes du genre Strychnos ou Chondrodendron connus initialement en Amérique du Sud. Les toxines sont extraites de l'écorce.

Statut de conservation, aire de répartition

"Découverts" par les explorateurs européens en Guyane. L'aire de répartition des espèces productrices des curares s'étend en Amérique du Sud de la forêt amazonienne à la Colombie.

Toxicologie

Utilisés empiriquement par les Amérindiens dans la préparation d'un poison utilisé pour la chasse ("ourari"), les curares imbibants les pointes de flèches provoquent une paralysie rapide des proies (muscles squelettiques et respiratoires, mais pas d'action sur le muscle cardiaque) tout en permettant leur consommation alimentaire.
L'exploration des propriétés des curares a en partie été réalisée par Claude Bernard et Alfred Vuilpan qui ont pu démontrer qu'ils n'avaient pas d'effets s'ils étaient appliqués directement sur un nerf ou un muscle mais que leur lieu d'action se situait au niveau de la jonction neuro-musculaire.
La d-tubocurarine agit sur le récepteur nicotonique à l'acétylcholine comme inhibiteur compétitif : son action est réversible, elle se lie au site de fixation et s'en sépare diminuant ainsi la probabilité de liaison de l'acétylcholine. L'effet de la d-tubocurarine peut être contrebalancé par l'action de substances anti-cholinestérase ayant pour effet d'augmenter la concentration d'acétylcholine et donc sa probabilité de fixation sur les nAchR.
À partir de 1942, l'utilisation des curares en anesthésie afin de conduire à une paralysie musculaire et d'éviter les contractions réflexes a été pratiquée. Des équivalents synthétiques sont depuis employés.
Sources : Neuromuscular Block

Strychnine

Origine

Graines de Strychnos nux-vomica par H. Zell (Licence CC)
Cette substance est retrouvée dans de nombreuses espèces du genre Strychnos. Le fruit de l'espèce Strychnos nux-vomica en contient des concentrations importantes dans ses graines.

Statut de conservation, aire de répartition

Des dizaines d'espèces du genre Strychnos produisant de la strychnine existent en Asie, en Afrique et en Amérique. Strychnos nux-vomica est un arbre trouvé en Inde et en Asie du Sud-Est. L'espèce est exploitée pour les propriétés toxiques de ses graines depuis plusieurs siècles

Toxicologie

La strychnine est employée comme poison d'usage domestique contre les animaux (rongeurs, oiseaux, etc...). Son utilisation est interdite en France depuis 1999. Cette substance a également été utilisée comme produit dopant au cours de compétitions sportives.
La strychnine agit comme un inhibiteur sur les récepteurs centraux à la glycine et également sur les nAchR. Les neurorécepteurs à la glycine ont un effet inhibiteur sur les réactions motrices au niveau de la moelle épinière et du système nerveux central. En désactivant ce système d'inhibition, la strychnine conduit à une stimulation des contractions musculaires à l'origine des spasmes et des convulsions caractéristiques.
De fortes doses (>50 mg pour un humain) conduisent à la mort en 1 à 2h, par paralysie des muscles respiratoires.