La surface blanche n’est pas le néant
rien n’est pas le néant
ce qui ne se dit pas de nous
n’est pas le néant
je n’ai pas peur de ce qui ne se dit pas
ni de la brèche qui dissimule le temps
c’est le boucan du monde qui me fait peur
le boucan du rien qui n’est pas rien
le boucan du néant boursoufflé
qui habite les trottoirs
et puis les rues
et puis les parcs
et puis ta chambre
et puis ta tête
je n’ai pas peur du vide
la brèche est un instant lointain
un soleil qui renait
dans la surface fraiche
d’un matin d’hiver silencieux
où je veux penser au rien qui ouvre
où je veux penser à l’espace qui reste
où je veux croire
que sur un sentier de neige
un souffle se pose
qui pose la peur

Samira Negrouche
In « Quai 2I1 partition à trois axes », éditions Mazette 2019