La cavalière
« Il aimait vraiment le soleil qui pourpre descendait la colline,
les chemins de la forêt, l’oiseau noir qui chantait
et la joie de la verdure… »
Georg Trakl,
Je veux devenir un cavalier
dit la petite à sa grand-mère
je veux descendre le soir
sur un grand cheval noir
nous ouvrirons des combes
mon pas écartera les ombres
ma main guidera les arbres
j’aime vraiment la nuit
Tu étais une petite fille
dit le père à son enfant
je ne savais plus quoi lire
pour changer ta chanson
Pour aimer bêtes et buissons
je veux devenir un cavalier
qui court dans les halliers
et balafre son visage de sang
j’aime vraiment la nuit
elle découpe un vrai pays
et le feuillage et les étoiles
nous feront un bel habit
La petite a grandi femme
elle marche elle court
elle dévale des montagnes
je veux devenir un cavalier
Dans la chambre des rêves
s’asseoit la cavalière
elle tisse une prière de soie
dans le Tibet de sa voix
et s’endort toute petite.
Sylvie Durbec
Poème tiré de mon recueil Chaussures vides Scarpe vote publié aux éditions du Dessert de Lune