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Education aux Médias et à l'Information EMISEGPA / ULIS / Classe relaisThéorie du complotTRAAM EMI

TRAAM EMI : Construire une théorie du complot en classe relais

Thématique des Traam EMI 2019/2020 : La structuration de la pensée de nos élèves à l’ère des interfaces vocales, du nomadisme et des réseaux sociaux

Problématique Académique:

Comment la recherche visuelle, les interfaces vocales, le nomadisme et les réseaux sociaux structurent-ils la pensée et les connaissances des apprenants ?

La thématique a été déclinée en 3 axes au sein de notre académie. Ce projet s’insère dans l’axe 2 : Les pratiques d’évaluation des informations : développer l’esprit critique face aux informations véhiculées par les réseaux sociaux (fake news, théories du complot). Comment interroger les outils émergents qui permettent la vérification des informations (décodex) ? Quels sont les matériaux utilisés ?

Le projet

Le thème général retenu est la théorie du complot (domaine scientifique).

L’objectif est d’amener les élèves à construire leur propre théorie du complot

Ce projet a fait l’objet d’un travail avec la classe relais d’Antibes située au collège Sidney Bechet qui accueille, à chaque session d’environ 6 semaines, des élèves qualifiés de « décrocheurs » qui ne parviennent plus à investir leur scolarité, malgré les tentatives de remédiation proposées par leurs collèges d’origine.

Face à ce public désinvesti et souffrant bien souvent d’une mauvaise estime de soi, la conception d’un projet commun par les élèves et pour les élèves pourrait être un levier dans la valorisation et la remobilisation des jeunes dans un projet collectif et actuel.

Les objectifs pédagogiques étant quant à eux de découvrir, s’approprier et utiliser à bon escient des outils numériques tout en développant un esprit critique face à l’information et à la désinformation. La distance entre but de l’élève et objectif pédagogique de l’adulte est dans ce projet, fondamentale compte-tenu du public ciblé.

Élèves impliqués :

8 élèves de 4e/3e

Handicap : dyslexie, difficultés d’élocution, troubles de l’attention

Professeurs impliqués :

Floriane Biagini – Professeur de lettres classiques

Sonia Duflos – Professeur de la classe relais

Géraldine Rouard – professeur documentaliste

Roxane Obadia – Interlocuteur CLEMI Nice – professeur documentaliste

Education aux médias et à l’Information:

Une majeure partie des activités a porté sur les recherches et les critères de validité de l’information. Les montages photographiques et vidéos ont également été abordés ainsi que les différentes caractéristiques d’un document pouvant constituer une infox. Une analyse critique de plusieurs documents permettra aux élèves de concevoir à leur tour des supports (textes, vidéos ou images) présentant un contenu invalide mais crédible dans sa forme.

Déroulement du projet:

Etape 1: présentation du projet / analyse de théorie du complot

Initialement prévu dans un projet de plus grande envergure, le travail effectué sur la théorie du complot a cependant suivi les premières étapes planifiées. Dans des activités alternant phases orales collectives, phases écrites en binôme ou individuelles, recherches et productions numériques, les élèves devaient avoir une lisibilité du projet et des objectifs atteints tout comme des prochains à atteindre.

La session 2 de la classe relais choisie pour le projet comportait à peine 6 semaines (en janvier / février), un délai court qui pouvait être compensé par une flexibilité de l’emploi du temps et une présence importante des adultes encadrants.

Les premières séances ont porté sur la présentation du projet ainsi que des notions associées: théorie du complot, fake news, manipulation et biais cognitifs…

Plus qu’un simple préambule aux activités, il s’agissait de faire émerger les représentations des élèves et de les confronter entre eux, favorisant une remise en question par le collectif.

Les élèves ont visionné deux vidéos complotistes, l’une volontairement parodique, l’autre plus sérieuse, puis nous avons recueilli leurs impressions, comparé, critiqué…

Si la première vidéo remporte un franc succès sur le plan humoristique, elle est cependant directement discréditée par l’ensemble des élèves qui relèvent sans souci les incohérences, l’absurdité des arguments tout en concédant que les rapprochements et déductions avancées sont bien trouvés.

Lien vers la vidéo étudiée : https://www.youtube.com/watch?v=ZpPA8HFX0kE

En revanche, la seconde vidéo portant sur la théorie de “la Terre plate”, trouble davantage le groupe ce qui permet d’observer des attitudes différentes: certains rejettent les arguments car ils ne sont pas conformes à l‘enseignement qu’ils ont reçu, cette vérité si évidente qu’il n’ont jamais remise en question. D’autres portent davantage attention aux arguments avancés par la vidéo et, bien que ne remettant pas en question leur savoir, s’interrogent sur les incohérences évoquées par les platistes. Enfin, certains ayant une culture scientifique plus conséquente parviennent à contrer une partie des arguments complotistes. L’ensemble du groupe conclura cependant que la seconde vidéo est troublante dans son contenu mais également sa forme, très convaincante.

Lien vers la vidéo étudiée: https://usbeketrica.com/video/theorie-du-complot-la-preuve-que-la-terre-est-plate

Les échanges nous permettent de classer les éléments contribuant à convaincre de la véracité de la théorie. Nous distinguons le fond (arguments pseudo scientifiques, raisonnement biaisé) de la forme (ton, musique, rythme, supports et formes graphiques utilisées…)

Cette première étape nous permet de lancer le projet en concluant par notre objectif: produire nous aussi une vidéo complotiste, la plus convaincante possible.

Le programme est exposé aux élèves. Il implique le choix et l’écriture d’un complot, l’enregistrement du discours et la conception d’une vidéo illustrant les arguments évoqués.

Les projets menés en classe relais doivent répondre aux spécificités du public. Les élèves décrocheurs, plus que tout autre encore, sont davantage impliqués sur un projet qu’ils visualisent dans son intégralité, dont ils voient la progression et dans laquelle leur participation est mise en valeur. L’alternance des phases et modalités de travail ainsi qu’un rythme dynamique dans les activités favorisent également le maintien de l’attention.

→ Fiche : Organigramme du projet

→ Fiche : Analyse des vidéos

→ Fiche : Complots / outils et stratégies de persuasion

→ Fiche : Organisation des tâches du projet

→ Fiche : Autorisation Captation Image Mineur 2017 (source eduscol internet responsable)

→ Fiche : Autorisation oeuvre de collaboration Mineur 2017 (source eduscol internet responsable)

Etape 2: écriture du complot / compétences PIX

Durant cette phase, le choix du complot devait à la fois correspondre à celui des élèves, et répondre à certains critères: pouvoir être étayé par des arguments plausibles ainsi que des ressources en ligne, être d’actualité mais inédit, et enfin, être exploitable pour la conception de la vidéo. Après un brainstorming par le groupe, deux théories sont retenues: la première sur le réchauffement climatique, la seconde sur le thème des dinosaures.

Nous faisons le choix d’exploiter ces deux pistes en parallèle avec deux groupes de 3 élèves dont le travail suivant consistera à développer et rédiger un texte argumentatif défendant leurs théories.

La production du texte destiné à l’oralisation pour l’enregistrement nécessitait un étayage important de l’adulte, notamment pour nos élèves en grande difficulté à l’écrit, ne parvenant pas toujours à exprimer fidèlement leurs idées. Le soutien de Mme Biagini, professeur de lettres de l’établissement lors d’une séance de rédaction a grandement facilité la mobilisation des élèves.

A l’issue de ce travail, un groupe se distingue par son investissement ce qui déterminera le choix de la thématique:

“Les dinosaures ont bien existé mais ils n’étaient pas spectaculaires comme on nous le fait croire, ils n’étaient pas plus gros qu’un chien”.

Les élèves ayant investi cette théorie la présentent au groupe qui se l’approprie, commente les arguments et en propose d’autres.

Nous retenons quatre axes principaux qui sont répartis sur des binômes en charge de les approfondir et de rédiger le texte destiné à l’enregistrement vidéo. La production est relue, fait l’objet de plusieurs jets afin d’obtenir un discours convaincant dans le fond mais également similaire dans sa forme à celui de la vidéo sur les platistes.

Les binômes doivent également réfléchir aux supports vidéos qui viendront étayer leurs idées: images, cartes, animations…

Dans un second temps, chaque mensonge complotiste est démonté par des arguments scientifiques. Il était initialement prévu de produire la vidéo avec une partie sur le complot suivie du rétablissement de la vérité, ce qui ne pourra être fait faute de temps. La vidéo finale ne présentera que le complot.

Durant cette étape, les élèves participent également à des séances informatiques avec un entraînement sur les compétences PIX relatives au projet: recherche et vérification d’informations par les sources, utilisation de ressources libres de droits, communication et partage d’informations…

→ Fiche : Affiche vidéo

→ Fiche : Ecriture du scénario complotiste

→ Fiche : EMI compétences

→ Fiche : PIX compétences

→ Production écrite complot dinosaures

Etape 3: recherche et exploitation des ressources / enregistrement de la voix off

Les séances suivantes ont mis à profit les compétences acquises lors des sessions sur PIX.

Une liste des ressources nécessaires liées aux différents arguments est exposée au groupe. En fonction de leurs capacités et désirs, les élèves récupèrent une tâche spécifique et unique à laquelle l’adulte peut ajouter quelques précisions. Lorsque la ressource est trouvée, elle est parfois utilisée directement ou modifiée. Après validation par l’adulte, l’élève ou le binôme appelle l“architecte”. Ce dernier a la charge de recueillir les ressources et productions de chacun et de les intégrer sur la tablette afin de créer un diaporama chronologique correspondant au montage vidéo final. La progression de ce travail collectif est régulièrement montrée au groupe actif. Lorsqu’une tâche est terminée, les élèves peuvent aller en choisir une autre parmi la liste et cocher le travail effectué.

L’avancée du projet est alors visible et chacun peut s’attribuer la responsabilité d’une partie dans la production collective.

Spécifiquement pour cette théorie, une maquette est réalisée mettant en scène des dinosaures (jouets) dans un paysage. La maquette est photographiée et des éléments y seront ajoutés par ordinateur (impact de météorite…)

Sur le même temps, les élèves choisissent une partie du discours qu’ils veulent enregistrer pour la vidéo et s’entraînent à le lire en posant leurs voix distinctement et avec l’intonation correspondant au message. L’élève orateur est aidé par un camarade qui le conseille sur sa prononciation, vitesse de lecture et intonation. Une fois l’élève prêt, l’enregistrement de la partie choisie est effectué.

A l’issue de cette étape, tous les éléments de la vidéo sont envoyés à Roxane Obadia, notre partenaire au CLEMI, qui réalisera le montage final avec l’enchaînement des plans calés sur la voix off, selon le story board fourni : lien vers la vidéo

 

→ Fiche : Chercher des images libres de droits

→ Fiche : Chercher sur Internet

→ Fiche : Conception des arnaques

→ Fiche : Storyboard vidéo dinosaures

→ Production : Diaporama (vu dans la vidéo finale)

Notre vidéo complotiste est aboutie et valorisée par sa parution sur le site académique.

Il est prévu d’exploiter ce travail lors de la semaine de la presse avec les classes de Troisième du collège.

Présentation pour les classes :

https://view.genial.ly/5e2c756a6bbd27220c2f9a8d/presentation-theorie-du-complot

Auteur : Géraldine Mocquais

Outils et matériel nomade utilisés :

– Ordinateurs du collège : travail de recherche, travail sur la plateforme pix

Apports de l’outil : compatibilité des formats, interoperabilité

– Tablette Ipad : utilisée essentiellement pour la production de trucages et du diaporama

Apports de l’outil : facilité de la prise en main, rapidité des résultats

– Outils pour communiquer, échanger, collaborer :

Mails de l’ENT

Outils pour produire :

Micro Zoom H1 : enregistrement des voix

Montage vidéo

Compétences travaillées

Compétences CRCN

  1. Informations et données

1.1. Mener une recherche et une veille d’information

1.2. Gérer des données

  1. Communication et collaboration

2.1. Interagir

2.2. Partager et publier

2.3. Collaborer

  1. Création de contenu

3.1. Développer des documents textuels

3.2. Développer des documents multimédia

3.3. Adapter les documents à leur finalité

Compétences EMI

http://eduscol.education.fr/cid98344/l-emi-et-le-socle-commun-de-connaissances-de-competences-et-de-culture.html

Domaine 1 : les langages pour penser et communiquer

  • Comprendre, s’exprimer en utilisant la langue française à l’oral et à l’écrit

Pour construire ou vérifier le sens de ce que vous lisez, combiner avec pertinence et de façon critique les informations explicites et implicites issues de votre lecture

  • Comprendre, s’exprimer en utilisant les langages mathématiques, scientifiques et informatiques

Lire des plans, se repérer sur des cartes

Domaine 2 : les méthodes et outils pour apprendre

  • Organisation du travail personnel

Savoir se constituer des outils personnels grâce à des écrits de travail, y compris numériques : notamment prise de notes, brouillons, fiches, lexiques, nomenclatures, cartes mentales, plans, croquis, dont vous pourrez vous servir pour s’entraîner, réviser, mémoriser.

  • Médias, démarches de recherche et de traitement de l’information

Comprendre les modes de production et le rôle de l’image

Savoir utiliser de façon réfléchie des outils de recherche, notamment sur Internet

Apprendre à confronter différentes sources

Apprendre à évaluer la validité des contenus

Savoir traiter les informations collectées, les organiser, les mémoriser sous des formats appropriés et les mettre en forme

Mettre en relation les informations collectées pour construire vos connaissances

Apprendre à utiliser avec discernement les outils numériques de communication et d’information, en respectant les règles sociales de leur usage et toutes leurs potentialités pour apprendre et travailler

Accéder à un usage sûr, légal et éthique pour produire, recevoir et diffuser de l’information

Identifier les différents médias (presse écrite, audiovisuelle et Web) et en connaître la nature

Comprendre les enjeux et le fonctionnement général des médias afin d’acquérir une distance critique et une autonomie suffisantes dans leur usage

  • Outils numériques pour échanger et communiquer

Savoir mobiliser différents outils numériques pour créer des documents intégrant divers médias et les publier ou les transmettre, afin qu’ils soient consultables et utilisables par d’autres

Savoir réutiliser des productions collaboratives pour enrichir ses propres réalisations, dans le respect des règles du droit d’auteur

Domaine 3 : la formation de la personne et du citoyen

  • Réflexion et discernement

Être attentif à la portée de ses paroles et à la responsabilité de ses actes

Fonder et défendre ses jugements en s’appuyant sur sa réflexion et sur sa maîtrise de l’argumentation

Vérifier la validité d’une information

Distinguer ce qui est objectif et ce qui est subjectif

Apprendre à justifier ses choix et à confronter ses propres jugements avec ceux des autres

Savoir remettre en cause ses jugements initiaux après un débat argumenté

Domaine 4 : les systèmes naturels et les systèmes techniques

  • Démarches scientifiques

Savoir mener une démarche d’investigation (décrire et questionner ses observations)

Prélever, organiser et traiter l’information utile

Analyser, argumenter, mener différents types de raisonnements (par analogie, déduction logique…)

Rendre compte de sa démarche

Domaine 5 : les représentations du monde et l’activité humaine

  • Invention, élaboration, production

Imaginer, concevoir et réaliser des productions de natures diverses, y compris littéraires et artistiques

Analyse réflexive sur la séquence

  1. Choix et lancement du projet
  • La thématique du complot s’inscrit dans l’actualité mais également dans le cadre de référence des élèves qui ont volontiers participé aux échanges avec des interventions riches et diversifiées.
  • L’amorce du projet avec les deux vidéos a positivement interpellé le groupe. Le résultat attendu était clair pour les élèves et l’affiche des différentes étapes de réalisation bien structurée.
  • Les interventions des deux enseignantes se sont articulées selon leurs domaines de compétences respectifs, sans scinder les discours mais dans une dynamique de complémentarité.

Pistes pédagogiques: la phase orale d’analyse fait émerger de nombreux débats qu’il faut canaliser pour rester dans l’activité. En revanche, cette séance est un bon levier pour amorcer un travail dans des disciplines associées comme les sciences.

2. Choix et écriture du scénario complotiste

  • Cette étape est très délicate car elle engage l’ensemble du groupe dans une voie commune et va cependant écarter des pistes retenues par certains élèves. Lors de nos échanges, deux complots pertinents ont émergé. Nous avons fait l’erreur de demander à deux groupes de développer le scénario défendant leurs théories respectives, ce qui a reporté le choix final. Cette étape a occasionné une perte de temps conséquente et la frustration passagère du groupe ayant investi le complot finalement écarté.
  • L’écriture du complot devant être ensuite enregistrée, nous avons rappelé au tableau les éléments évoqués lors du visionnage des vidéos afin de s’en inspirer. Nous aurions pu attribuer aux élèves des fiches individuelles synthétisant ces éléments afin de faciliter leur autonomie dans le travail. La critique et la validation par le groupe pour cette séance comme pour chaque étape du projet est en revanche un excellent moyen de valoriser le travail et de limiter l’intervention du professeur.

3. Séances sur les compétences numériques

  • D’une façon générale, les séances en informatique engagent positivement les élèves de classe relais qui associent davantage leurs difficultés au travail manuscrit et classique. Nous avons cependant observé de grandes disparités dans le groupe quant à la maîtrise de l’outil informatique. Les compétences numériques abordées étaient relatives au projet or, certaines d’entres elles, nécessitent d’avoir au préalable quelques notions de base que nous n’avions pas évaluées. Il aurait été préférable de vérifier en amont du projet certaines compétences comme la recherche sur internet avec le choix de mots clés, l’envoi de fichiers attachés à un message électronique, l’enregistrement de fichiers et leurs nominations pour un travail collaboratif efficace…

La trace écrite de ces procédures auraient permis également de gagner en autonomie lors des séances de recherche des ressources.

  • Les élèves ont adhéré au travail des compétences numériques car les questions étaient claires et concrètes, l’évaluation immédiate et la correction accessible directement. Ces séances se sont révélées par ailleurs pertinentes pour le projet car les élèves ont réinvesti les acquis de ce travail.

4.Recherche et modifications des ressources

C’est lors de ces séances que l’autonomie et la collaboration dans le groupe a été la plus satisfaisante. Nous pouvons attribuer cette réussite à plusieurs facteurs:

  • Choix libre des ressources à chercher / modifier, en adéquation avec les compétences et intérêts des élèves.
  • Concordance des ressources avec les arguments développés, lisibilité de l’objectif des recherches.
  • Visualisation de la progression collective par modification de la fiche commune de tâches sur laquelle les élèves venaient surligner les parties terminées.
  • Prise en considération des choix personnels de l’élève dans un cadre et selon des critères de cohérence avec le texte associé à l’image.
  • Autonomie partielle du groupe: c’est un élève qui, circulant parmi les groupes, récupérait les ressources pour les intégrer au diaporama. A cette occasion, il pouvait montrer l’avancement de la production collective ce qui entretenait la motivation du groupe.

La difficulté majeure rencontrée durant ces séances a été l’attente de certains élèves pour la validation par l’adulte ou pour obtenir de l’aide. Ce temps perdu, et particulièrement en classe relais, peut engendrer une baisse de l’attention, des interactions entre les élèves avec parfois un décrochage de l’activité. Par ailleurs, les élèves très en difficulté sur l’informatique avaient tendance à monopoliser les adultes sans oser prendre d’initiatives.

Pour ces séances, nous pourrions envisager une feuille de route personnelle plus détaillée, penser au préalable aux contraintes pour chaque ressource à chercher, peut être élaborer avec le groupe des schémas explicitant le plan de l’image, le fond…

Définir également quelques termes spécifiques du champ lexical de l’image pourrait permettre une meilleure préparation et donc davantage d’autonomie dans les recherches.

5. Enregistrement du discours

Lors de cette étape, nous avons fragmenté le texte: introduction, chaque argument et la conclusion. Nous avons choisi d’encourager les élèves à sélectionner la partie qu’ils désiraient oraliser, sans les contraindre. Finalement, la plupart d’entre eux a participé à cet enregistrement.

Le travail en binôme a bien fonctionné, un élève s’entraînant au préalable à la lecture du texte, son partenaire à l’écoute pour l’aider à ajuster ensuite son débit et sa diction.

Pour certains, cet enregistrement n’a pas été simple; appréhension de s’exposer et d’être écouté, élocution parfois difficile et tendance à vouloir terminer trop vite, recherche de l’intonation juste (adéquation forme / fond)…

La présence de plusieurs adultes a permis d’isoler ces binômes du groupe durant l’entraînement et l’enregistrement

6) Finalisation du montage

L’intervention de Roxane Obadia à la fin du projet pour aider les élèves à finaliser la vidéo leur a permis de revenir sur leur démarche : ils ont du expliquer les objectifs de travail, argumenter sur les choix réalisés et détailler les ressources collectées. C’est un temps de parole collectif et réflexif intéressant pour vérifier l’implication de l’ensemble des élèves et leur bonne compréhension de la finalité du projet.

Pour autant, certains des choix techniques envisagés par les élèves n’étaient pas réalistes, et il a fallu modifier légèrement le scénario initial.

Une intervention du CLEMI plus en amont dans le projet, permettant de délimiter les contours de ce qui est réalisable techniquement avec le matériel des élèves, aurait évité ces modifications. Cela aurait permit également d’envisager de concert le fond et la forme de la théorie du complot et les aspects techniques de la réalisation d’une vidéo qui impacte forcément le discours. Malheureusement, l’organisation même d’une classe relais rend difficile la multiplication des interventions extérieures.

Conclusion

La contrainte de temps (6 semaines) ne nous a pas permis de réaliser le projet tel que nous le concevions à l’origine.

La vidéo devait être composée de deux parties: le complot puis le rétablissement de la vérité. Nous n’avons pu réaliser que la première, le rythme de travail des élèves de classe relais fluctuant d’une séance à l’autre et certaines tâches ayant été sous-évaluées.

Roxane Obadia a tout de même pu récupérer la production des élèves et effectuer le montage vidéo en y ajoutant des éléments graphiques et audios.

Pour autant, la vidéo finale est représentative du travail du groupe et l’objectif de création d’un complot atteint. La forme correspond aux critères de crédibilité avec bien sûr une réalisation correspondant au travail de collégiens.

Le visionnage de la vidéo finale par le groupe a été appréciée et chacun a pu reconnaître le résultat de son travail.

Nous retiendrons pour un éventuel projet similaire l’importance de disposer d’un temps suffisant et d’anticiper d’éventuels ralentissements, qu’il s’agisse de la dynamique de groupe ou de difficultés techniques.

Tout projet en classe relais nécessite de revenir sur les séances précédentes, de rappeler et clarifier régulièrement les objectifs. Ce temps n’a pas toujours été suffisant pour certains.

La préparation des supports, les traces écrites et l’importance d’un affichage permanent permettant de nous situer dans le projet doit être particulièrement riche pour le bon déroulement des séances et l’autonomie des élèves.

Tout au long des semaines, le groupe a adhéré au projet. Il y a cependant eu quelques perturbations en fin de session mais qui relevaient davantage des problématiques personnelles des élèves que du travail proposé.

Il reste à noter que le complot imaginé et les arguments avancés ont été tellement convaincants que certains élèves finissaient par le trouver réellement défendable.

L’évaluation des élèves n’a pu être faite que sur la base des compétences, la classe relais ne proposant pas de notation en raison des objectifs du dispositif. La production finale est par ailleurs en soi une évaluation positive mais globale du travail collectif.

Lors de la première séance sur les vidéos complotistes, nous avions évoqué les techniques de persuasions et les biais cognitifs nous incitant à croire une théorie complotiste. A l’issue de la session, nous avons pu constater que le groupe était capable de restituer ces éléments ainsi que les moyens de vérifier une information.

Ce travail pourrait être reconduit mais sur une session plus longue. Nous avions pour idée également d’associer la réalisation de cette vidéo à la création d’un « escape game » visant à démanteler le complot. Ce projet pourrait être mené à condition d’y consacrer deux sessions.

 

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