Première générale, Histoire - La Première Guerre mondiale :

Un embrasement mondial et ses grandes étapes

 

pucebleue  Cette proposition s'inscrit dans le cadre de l'essai de périodisation. En 1918, l'offensivedes Alliés, sur tous les fronts, est couronnée de succès. L’objectif est d'analyser, à travers un ensemble documentaire, les conditions matérielles de ce succès.

pucebleue On pourra exploiter la notion d’apprentissage pour mettre en valeur l’adaptation des armées à un environnement technologique en évolution.

 

pucebleue Les enjeux :

 faget4

 

pucebleue L'ensemble documentaire :


Le premier document est extrait d’un des rares films représentant un mouvement offensif en 1917. Il permet de mesurer l’évolution avec les pratiques de 1914.

Les documents 2 à 4 sont des photographies représentant des chars d’assaut. On pourra relever les contraintes et les atouts de cette « arme nouvelle ».

Le dernier document est une photographie (rare également) représentant le « combat interarmes » en 1918. Il permet de marquer le terme d’un processus d’adaptation de la tactique à la technologie.

 

 

pucebleue Annexe : proposition de progression pour le chapitre 1 :

Cette proposition s’appuie sur la notion de « tripartition des échelles de la guerre » défendue par l’historiographie militaire récente. Le principe est de distinguer les échelons tactique (le combat), opérationnel (les manoeuvres, les campagnes) et stratégique (les alliances, les entrées en guerre, les grands arbitrages entre les fronts).

La démarche problématique (quelles sont les grandes étapes de la guerre ?) peut s’appuyer sur un questionnement autour d’une hypothèse historiographique : l’année 1917 constitue-t-elle le « tournant » de la guerre ? (voir les « capacités et méthodes » : « vérifier des hypothèses sur une situation historique »).

Pour y répondre, on recherche un point de rupture aux différentes échelles. C’est l’occasion d’aborder également les formes de la guerre.


Note : en italiques, les « objectifs particuliers » mentionnés par le programme (« on peut mettre en avant »), en gras, les « points de passage et d’ouverture ».



I – De la guerre européenne à la guerre mondiale : la relative indécision stratégico-politique
A) Les contraintes politiques et diplomatiques
(buts de guerre et motivations)
La guerre a des racines profondes dans le système diplomatique européen (bipolarisation) et dans l’épanouissement d’un nationalisme militariste. Elle est déclenchée par un attentat qui finit par mettre aux prises l’AH et la Serbie qui appartiennent aux deux alliances rivales. Elle est l’occasion pour l’Allemagne, dominée par la hantise de l’encerclement, de tester la Russie.
Les buts de guerre sont nationaux et donc très variables (ex AL pour la France, annexions au dépends de l’AH pour l’Italie (but territorial), renforcement dans les Balkans pour la Russie (but stratégique) mais « paix sans victoire » wilsonienne) et mettent en lumière une faiblesse stratégique. La seule sortie de guerre envisageable, pour des systèmes d’alliances qui réunissent des intérêts aussi contradictoires, est une issue militaire qui exclut la négociation/la recherche d’un accommodement.


B) Les Empires centraux : une situation stratégique désespérée ?
(Tannenberg - extension progressive – guerre de position)
Malgré le plan Schlieffen, les Empires centraux ne parviennent pas à sortir de l’impasse du double front avant la Révolution russe. L’Allemagne doit « geler » le front Ouest (accepte la guerre de position dans une perspective défensive) pour reporter ses efforts à l’Est où, malgré la victoire de Tannenberg et l’ouverture du front du Caucase (grâce à l’Empire ottoman), elle ne parvient pas non plus à emporter la décision. L’entrée en guerre de l’Italie renforce le tropisme oriental : l’AH doit diversifier les fronts (Russie, Serbie et Italie).

La stratégie est déterminée par l’état-major qui impose des choix contre-productifs (guerre sous marine à outrance qui aliène les EU).


C) Force et hétérogénéité de l’Alliance

1) Difficultés stratégiques
(Dardanelles - extension progressive – désintégration de l’Empire russe)
Les Alliés ne profitent pas nettement de l’échec stratégique adverse : la mondialisation du conflit ne permet pas de faire aboutir une véritable « approche périphérique » (échec des Dardanelles) et mène à une parcellisation de la guerre (des guerres plutôt qu’une guerre mondiale, autonomie des fronts africains et orientaux). Le retrait de la Russie représente un véritable revers pour la stratégie d’encerclement suivie depuis 1914.


2) L’entrée en guerre des États-Unis
(extension progressive)
L’entrée en guerre des EU représente un « tournant » relatif : les EU ne jouent pas un rôle décisif dans l’offensive finale à l’Ouest (15 divisions opérationnelles sur 200) et l’Allemagne, libérée du front oriental, peut jouer son « va tout » en 1918. Cependant, cette entrée joue un rôle important dans le rapport de forces moral et économique.


3) Les Empires coloniaux
(implication des Empires coloniaux)
Alors que l’Entente peut s’adosser dès 1914 sur les empires coloniaux, les Empires centraux sont dans la position inverse. Privés de ressources, ils s’engagent dans une course « contre la montre » pour emporter la décision avant le collapsus économique. Le blocus maritime, mené principalement par le RU, accentue cette faiblesse majeure.


CC : l’Entente s’appuie sur un capital impérial et diplomatique considérable par rapport aux Empires centraux. Il n’y a pas de réel « basculement » de ce point de vue pendant la guerre – ce qui fait porter le poids de la décision sur les choix strictement militaires (⇒ II).

 


II – Comment remporter la guerre ? Permanence des approches opérationnelles
Malgré l’échec des paradigmes opérationnels de 1914, ils ne sont pas abandonnés dans le fond.

A) L’échec de la manoeuvre et de la guerre « courte »
(La Marneformes de la guerre – échec allemand de la guerre « de mouvement »)
L’échec du paradigme napoléonien (plan Moltke-Schlieffen) et néo-clausewitzien (mythe de la bataille décisive) est manifeste avec la bataille de la Marne et avec l’échec du débordement de l’adversaire (« course à la mer »). Les effectifs mobilisés et la puissance du feu rendent illusoires les rêves d’une offensive rapide et valident la théorie de « l’inviolabilité du front ». Pour des raisons stratégiques (double front), les Allemands renoncent globalement à la percée à l’ouest sauf en 1916 à Verdun et en 1918.

A l’Est la guerre de mouvement est toujours possible mais faute de moyens (échec de la guerre à l’Ouest) l’état-major allemand ne parvient pas à obtenir la décision face à une armée russe bien commandée.


B) Comment reprendre le mouvement ?
(La Sommeformes de la guerre – « passage à la guerre de position »)
Échec de « l’offensive à outrance » sous ses différentes formes (1914, 1915, 1917), de « la conduite scientifique de la bataille » (Somme, 1916), et refus de s’impliquer franchement dans une approche indirecte (Dardanelles, front balkanique).

Le thème de la « percée » domine toujours la pensée militaire au détriment de la manoeuvre opérationnelle : elle est menée « à coups d’homme » jusqu’en 1917 puis, les effectifs baissant, elle est menée plus mécaniquement.

CC : L’offensive finale (Orient, Balkans – seule « percée » effective des Alliés, France) actualise la doctrine offensive, enfin rendue possible par les progrès de la tactique (⇒ III)

 


III – 1918 : l’invention de la guerre moderne (échelle tactique)
⇒ L’offensive finale est couronnée de succès grâce à l’adaptation du commandement aux armes nouvelles : après de nombreux talonnements, le principe du combat interarmes est formalisé (« champ de bataille interarmes »).

A) L’impasse tactique
(échec français de la guerre de mouvement, passage à la guerre de position - culture de guerre)
En 1914, décalage entre une doctrine du choc et les réalités du feu est la manifestation d’une culture de guerre marquée par les approches « culturalistes » (la volonté du combattant peut surmonter tous les obstacles). L’impasse tactique est symbolisée par les tranchées, « pis aller » nécessaire lorsque l’espace de manoeuvre n’existe plus ou lorsque les armées en présence disposent d’une puissance de feu comparable. Cela ne concerne dans le fond que le front Ouest. Partout ailleurs, la guerre de mouvement n’a jamais cessé d’exister.

B) Le sursaut allemand
(La dernière offensive allemande)
La dernière offensive allemande de 1918 trahit un basculement : le nouveau modèle tactique allemand est mis au point lors de l’offensive de Riga en septembre 1917. Il s’appuie sur la mobilisation en « fer de lance » des meilleures unités chargées de réaliser une percée – alors que les troupes de deuxième ligne rassemblent des corps inexpérimentés et mal armés chargés d’occuper le terrain. Cependant la finalité est toujours de réaliser une percée et l’organisation du dispositif n’est que la traduction des difficultés matérielles allemandes. Ce modèle s’appuie également sur la culture de l’initiative propre à l’armée allemande entre 1870 et la 2e GM.

C) Le champ de bataille interarmes
Adaptation alliée se fait par l’intégration très progressive des armes nouvelles dans la bataille : chars et avions. Offensives moins massives de l’infanterie. Cavalerie « réajustée ». Artillerie = neutraliser plutôt que détruire ⇒ plus de souplesse, préparations moins longues qui ménagent l’effet de surprise, infanterie dégagée de la subordination Infanterie = commandement « décentralisé » (les Alliés ont « appris » des Allemands) pour augmenter la puissance de feu ⇒ échelon de base commandé par les sous-officiers et non les officiers ⇒ puissance de feu 15 fois > à 1914.

CC : 1918 – véritable point de rupture.

M. Faget - Académie de Nice

Mars 2019

 fch drt2 pdf tlgt