La politique documentaire des établissements scolaires

Thème d’étude et de réflexion de la journée professionnelle de la FADBEN, le mercredi 10 mars 2004 à Fréjus. France Vernotte, ancienne présidente de la FADBEN, documentaliste en CDI puis formatrice en IUFM à Besançon et à Aix -Marseille a animé les travaux.

INTERVENTION DE FRANCE VERNOTTE

1. Le concept de politique documentaire
Le concept n’est pas nouveau mais les utilisations multiples du terme ont conduit la FADBEN à organiser plusieurs stages de réflexion destinés à clarifier la notion de Politique documentaire pour les documentalistes en milieu scolaire.
Dans le cadre de la formation continue, d’autres stages, notamment dans l’académie d’Aix -Marseille, ont été organisés. Des outils professionnels sont ainsi élaborés par des gens du terrain.

2. Les passages obligés : (Cf. annexe 1)
En établissement scolaire il est indispensable de passer, en équipe, par les étapes suivantes :

-Préciser le sens (en particulier la différence entre projet CDI / projet documentaire / politique documentaire) ;

-Adopter une démarche de projet ;

-Définir des principes et des priorités (à cette occasion préciser ce qu’est la fonction documentaire de l’établissement) ;

-Mettre en forme des outils pour établir un diagnostic de l’existant : ce que nous ferons par la suite dans les ateliers ;

-Arrêter les axes d’une politique documentaire au niveau de l’établissement. Le terme « politique » implique en effet des choix précis ;

-Mettre en œuvre des partenariats sur la durée, au moins à l’interne ;

-Définir une politique d’acquisition ;

-Définir une politique de formation ;

-Définir une politique de communication ;

-Communiquer sa démarche au public…, aux publics !

-Prévoir l’évaluation du projet. – – – – –

3. Quelle place pour la politique documentaire parmi les différents projets en cours dans les établissements scolaires ?
Projection d’un organigramme (Cf.annexe 2) sur lequel figurent les projets pédagogiques, les projets lecture, le projet personnel de l’élève, le projet CDI (qui peut être axé sur le développement de l’autonomie, la maîtrise de la langue…).
Le projet CDI est lui -même relié au projet documentaire (qui, lui, concerne l’ensemble de la fonction documentaire de l’établissement) et au projet d’établissement.
La politique documentaire est ce qui va permettre de mettre en place le projet documentaire. Elle implique :

-une réflexion pour arrêter des choix précis,

-un travail en équipe. Elle engage d’ailleurs beaucoup plus que le « projet documentaire » les décideurs de l’établissement .

4. La politique documentaire au crible du 3QOCP
Cf. annexe 3
Quelques précisions :
Le concept de politique documentaire existe depuis longtemps dans les entreprises privées, dans les bibliothèques et médiathèques de lecture publique et dans les universités. La raison est essentiellement économique au départ !
Dans l’éducation,il n’y a aucun texte national mais plusieurs textes académiques existent déjà. Le concept semble lié au processus de décentralisation.
Nous devrions aussi avoir une politique documentaire au niveau du bassin.

5. L’évolution du concept
Présente depuis longtemps,comme nous l’avons vu, dans les bibliothèques universitaires et de lecture publique, la politique documentaire existe également en IUFM, où elle est mise en place pour de nombreux centres de ressources.
Souvent, ce sont des chargés de mission qui s’en occupent. C’est donc un emploi à part entière… Ces personnes sont chargées de définir, réguler, prévoir les moyens nécessaires pour mettre en œuvre la politique documentaire. Aussi produisent -elles des chartes ou des textes de cadrage. L’ABF (Association des Bibliothèques de France) par exemple, suit une charte précise de développement des collections qui rappelle les finalités des ressources et des usages.
Le but de ces textes est triple : définir, prévoir et obtenir des besoins en personnels, en moyens et légitimer ainsi la fonction documentaire. Dans le second degré, le terme est encore un peu flou. Il n’existe pas de texte national, les textes qui existent sont académiques (Bordeaux, Nantes, Rennes, Poitiers).
Ce terme induit :

-Une vision globale des ressources et des collections ;

-Une logique de travail explicitée (une collection produit un sens, il y a des liens entre une collection et une collectivité donnée) ;

-Une prise de conscience du fait que le documentaliste construit un système de représentations et que sa légitimité professionnelle tient à la façon dont il justifiera ses choix et produira un sens (une collection produit son sens, quel est le rapport entre une collection et les usagers et entre une collection et les prescripteurs ?) ;

-Une prise de conscience : l’utilisation d’Internet oblige à se poser la question des accès aux lieux et aux supports (de plus, penser l’impact par rapport à la notion de collection : doit -on filtrer les sites ?). Le fruit d’une décision d’acquisition ne peut plus être validée avec l’utilisation d ‘Internet ;

-Une prise de recul par rapport à sa pratique professionnelle quotidienne ;

-Une volonté de faire évoluer sa pratique dans une démarche collective, en acceptant de l’écrire et de la communiquer ;

-Un souci constant d’évaluation de sa pratique (définition d’indicateurs) ;

-Une acceptation du changement ;

-Une nécessité de lier les usages et les ressources par un plan de formation des élèves à la maîtrise de l’information afin d’être conforme aux missions. (lisibilité, définition des objectifs, évaluation) ;

-Une méthode de travail extrêmement rigoureuse.
Cette démarche implique un changement de posture : nous devenons des experts. C’est peut -être ce vers quoi tend l’évolution de notre métier.
Cette démarche ressemble à la « démarche qualité » des entreprises, c’est à dire l’ensemble des actions que met en place une organisation pour assurer sa mission et atteindre la satisfaction du public.
Celle -ci nécessite de définir les besoins du public, d’expliciter ses missions, de définir les buts, d’organiser l’activité autour d’objectifs à atteindre, de vérifier si les objectifs sont atteints….
On peut donc ici souligner l’ambiguïté de la démarche entre :

-la satisfaction du client qui est ici un usager du service public en fonction de ses besoins (ce qui est différent de la notion d’intérêt général) :

-l’obligation de résultat. – – – – –

D’ailleurs, comment évaluer en milieu scolaire ? Quand estimer que le but est atteint ?

Lorsque le document est emprunté ?

-Lorsque l’usager s’est informé ?

-Quand l’usager a su utiliser l’information ?
Trois niveaux d’attente coexistent dans notre service public. La recherche d’un compromis est alors nécessaire :

-Au niveau des exigences et des contraintes des usagers, actifs et à gagner ;

-Au niveau des différentes tutelles : direction de l’établissement, institution académique ou nationale, région / département ;

-Au niveau des missions de notre métier qui restent toujours floues et donc plus difficiles à gérer qu’un autre service, mais peut – être par là même plus confortable. Tout cela est à préciser dans une démarche collective qui peut ensuite faire l’objet d’un texte de cadrage à faire voter en CA. Il est indispensable de constituer un groupe de travail pour formaliser la fonction documentaire en préambule au projet de politique documentaire.

4. QUESTIONS
A partir des questions posées par les participants, France Vernotte :

Rappelle que notre mission de formation est spécifique, elle n’existe pas chez les autres professionnels de l’information :
Or, la formation de tous les élèves est impossible, d’où la nécessité de définir une progression de formation avec l’ensemble de l’équipe pédagogique. Il ne peut pas y avoir de politique documentaire si la priorité n’est pas la formation des élèves !

Evoque le travail fait en stage :
C’est en effet lors de stages d’établissement que les textes de cadrage donnés en exemple ont été élaborés. La réflexion est donc issue du terrain.

Rappelle que la politique documentaire oblige les établissements à prendre leurs responsabilités .

Reparle de l’impact d’Internet :
Depuis l’accès généralisé dans les CDI, le réseau représente non seulement d’importantes ressources en plus mais des ressources non validées. D’où la nécessité renouvelée de la formation à l’information. Par ailleurs, la charte d’utilisation, que France Vernotte estime indispensable tant les usages peuvent être différents, est à élaborer avec l’ensemble de la communauté éducative, comme doit l’être – à une autre échelle – la politique documentaire de l’établissement.

Rappelle que l’évaluation doit elle aussi être prévue au départ par l’ensemble de la communauté éducative afin de prélever les informations nécessaires pour ensuite prendre une décision.

Evoque le travail fait actuellement dans 4 académies à la demande de l’IGEN, sur les quatre thèmes suivants : fonds documentaire / pédagogie / lecture / ouverture culturelle.
France Vernotte pense que la réflexion menée par ces quatre groupes de travail devrait aboutir à l’élaboration d’une nouvelle circulaire de mission dans laquelle la politique documentaire devrait prendre plus de place.
D’un commun accord, l’assemblée décide travailler sur les outils à élaborer.
La réflexion portera tout d’abord sur les moyens de recueillir les représentations de la communauté éducative sur la politique documentaire par la technique du blason. Cet outil ne devra pas être employé seul car il ne représente qu’un résultat subjectif et ne relève pas d’un questionnement objectif.
De multiples stratégies peuvent être adoptées mais il peut être intéressant de ne pas utiliser le mot CDI (afin de ne pas induire de représentation figée) et de partir de la notion de « fonction documentaire » ou de la notion de « politique documentaire ». Les résultat obtenus seront ensuite traités de manière statistique et rigoureuse, sachant qu’un outil statistique n’est jamais innocent et qu’il fournit des informations décryptables entre les lignes.

5. OUTIL ELABORE EN COMMUN
Les personnes présentes s’engagent à tester dans leur établissementle blason élaboré ensemble, comme point de départ à toute discussion sur la politique documentaire. (Cf. annexe 4).
Afin de ne pas induire les réponses, les imprimés seront déposés dans une urne au secrétariat ou en salle des professeurs.
Nous vous invitons d’autre part à lire La charte d’acquisition élaborée par la Fadben de Créteil et validée au Congrès de Bordeaux sur le site [www.fadben.asso.fr ->http://www.fadben.asso.fr/]

Aller au contenu principal