Introduction par Jean-marc Noaille, IA-IPR Histoire-Géographie
Géopolitique de l'océan indien
- Jean-Luc Racine, Directeur de recherche émérite au CNRS (Centre d’études sud-asiatiques et himalayennes de l’EHESS), et chercheur senior au think tank Asia Centre
- « Traversé par les routes maritimes qui convoient le pétrole du Golfe vers les grandes économies d’Asie, et par les porte-conteneurs menant vers l’Europe les produits manufacturés chinois, japonais ou coréens, l’océan Indien a pris une nouvelle dimension géopolitique avec la montée en puissance de la Chine. Celle-ci finance, en effet, depuis plus de vingt ans la construction de ports dans les pays voisins de l’Inde, poussant cette dernière à reconnaître l’importance majeure de l’enjeu océanique. Intégré dans l’Indopacifique, entre Afrique orientale, pays du Golfe, Asie du sud-est et Australie, l’océan Indien illustre comment le jeu des puissances se déploie entre grands acteurs : Inde, Chine, États-Unis, mais aussi Europe, à l’heure où les détroits clés du Golfe et de la mer Rouge sont affectés par les contrecoups des tensions au Moyen-Orient, tandis que les défis de la piraterie persistent aussi bien au large de la Somalie qu’aux abords du détroit de Malacca. »
Un nouveau paradigme de défense et de sécurité : l'action de la France dans l'océan Indien
- Gérard Valin, Vice-amiral d’escadre (2S)
- « Le monde dans lequel nous vivons se caractérise notamment par une complexité croissante et une accélération vertigineuse dans un contexte de montée en puissance des risques et des menaces de toutes natures, d’origine étatique avec le réveil des empires, ou du fait d’organisations criminelles de plus en plus puissantes. L’océan Indien est un théâtre illustrant parfaitement ce nouveau paradigme de défense et de sécurité qui impose de nouvelles stratégies, de nouvelles organisations et de nouvelles capacités. »
L’océan Indien, un concentré de la gouvernance française de l’action de l'État en mer
- Philippe Dézéraud, commissaire en chef (ER), chargé de cours à la faculté de droit de Toulon et consultant responsable de l’élaboration des dossiers pédagogiques de la session nationale " Enjeux et stratégies maritimes " de l’IHEDN.
- « Si l’océan Indien, qui représente 70,5 millions de km2 d’espaces maritimes dont la plus grande part est constituée par la haute mer, est au coeur des enjeux de défense et de sécurité, la France y exerce sa souveraineté et sa juridiction sur plus de 3,2 millions de km2. Ce qui est considérable et lui confère, au-delà des ambitions géostratégiques, une responsabilité importante qu’elle assume au travers de son organisation de l’action de l’État en mer (AEM). Cette gouvernance spécifique est le plus souvent appréhendée et limitée dans l’esprit du grand public au préfet maritime dans l’Hexagone. Pourtant, la même organisation, avec une adaptation originale, est en place dans les départements et collectivités d’outre-mer et tout particulièrement dans l’océan Indien. Ainsi, que ce soit à La Réunion, Mayotte, dans les TAAF et dans les îles Eparses mais aussi dans l’ensemble de celui-ci, c’est à un véritable concentré des problématiques maritimes que l’AEM doit répondre quotidiennement. »