A Voix Haute : lectures performées au lycée Dumont d’Urville

Mardi 30 mars 2021 a eu lieu la première édition d’une nouvelle manifestation artistique et culturelle imaginée et coordonnée par les professeures-documentalistes du lycée général et technologique Dumont d’Urville à Toulon. Durant deux heures, une soixantaine d’élèves de tous niveaux (de la seconde à la classe préparatoire et BTS) ont assisté ou pris part à de courtes performances artistiques ayant toutes en commun de faire résonner un texte ou un extrait de texte dans un lieu inattendu voire insolite du lycée, comme l’infirmerie, le stade, un laboratoire de chimie, les locaux de la vie scolaire etc.

Imaginée initialement pour les élèves internes de l’établissement à l’occasion de la Nuit de la lecture au mois de janvier, la manifestation « A voix haute » devait se dérouler en soirée et offrir au public de déambuler d’un lieu de lecture à l’autre à la lampe torche. Un appel à contribution lancé en décembre parmi les enseignants, CPE et les membres du personnel administratif avait permis de faire apparaître une douzaine de propositions artistiques. Car telle était – et est restée – l’idée centrale : fédérer autour de la lecture des lecteurs et lectrices aussi divers que possible en leur demandant de lire et de partager un texte aimé, avec deux consignes simples : choisir un lieu spécifique pour cette lecture et ne pas dépasser 10 minutes. L’appel à contribution stipulait que les lieux choisis devaient l’être pour leur caractère insolite et a priori éloigné de la lecture et de la littérature.

Puis l’évolution de la situation sanitaire a entraîné le report du projet, ce qui a permis à de nouvelles propositions artistiques et de nouvelles collaborations de voir le jour. Les classes d’options et de spécialité artistiques (théâtre, arts plastiques, musique) et sportives ont été sollicitées et sont devenues parties prenantes du projet. En fin de compte, ce sont dix-neuf propositions artistiques qui ont mûri peu à peu au fil de plusieurs réunions de concertation, avec l’aide et l’appui logistique des professeures-documentalistes et qui ont été proposées au public le 30 mars.

 

De la “simple” lecture à voix haute au chant en passant par le jeu théâtral et la performance artistique, ce sont des formes très diverses de l’oralité qui se sont manifestées, des genres littéraires et des styles très variés qui se sont entrecroisés. Parmi les dix-neuf propositions artistiques : lectures d’extraits de romans, dont le premier roman tout juste publié d’une enseignante en lettres modernes au lycée, lecture d’un conte à résonnance philosophique, extraits choisis de la correspondance de Frédéric Chopin et George Sand accompagnés d’extraits musicaux, un célèbre sketch de Raymond Devos interprété au centre de la piste d’athlétisme avec la complicité d’élèves d’option EPS, un sketch issu de la websérie humoristique Bloqués, un extrait de la pièce Art de Yasmina Reza, une nouvelle de SF écrite et lue par une élève de classe préparatoire scientifique, de courtes auto-fictions écrites et lues par des élèves et d’autres encore.

 

Nous voulions initialement que les élèves circulent librement et choisissent les performances auxquelles ils voulaient assister. Cependant, pour équilibrer la répartition de l’auditoire devant les différentes propositions artistiques et pour limiter le brassage des élèves, nous avons dû adopter un système plus contraignant de rotation des élèves entre les performances. Nous avons donc invité les élèves à s’inscrire au préalable et élaboré une grille horaire permettant à six groupes différents de suivre chacun un programme différent dans le laps de temps imparti. Le jour J, nous avons constitué les groupes d’élèves et, après une ouverture en musique, chaque groupe est parti, emmené par un guide muni d’un programme et d’un plan détaillé.

Ce système, outre qu’il relevait du casse-tête à établir, a montré ses limites et occasionné de la frustration chez certains car il ne permettait pas de voir l’ensemble des manifestations.

Ce qui nous amène à réfléchir à une nouvelle organisation pour l’année prochaine, et à étendre la durée de la manifestation à une demi-journée. Car devant l’élan positif suscité par A voix haute et la réception très favorable de la première édition, nous souhaitons renouveler l’expérience et travaillons dès à présent à préparer la prochaine édition. Nous cherchons notamment à favoriser en amont les collaborations interdisplinaires : Philosophie, Musique, Lettres, Théâtre, Arts plastiques, mais aussi des collaborations plus rares avec les disciplines scientifiques, sportives etc. Les enseignants sont nombreux à vouloir se saisir de cette occasion pour leurs élèves de pratiquer et de prendre confiance en eux dans la prise de parole devant un auditoire.

Nous sollicitons l’intégration de ce projet dans le dispositif des Initiatives Éducatives et Scolaires (INES) afin de pouvoir mobiliser un budget spécifique. Nous prévoyons par exemple de faire intervenir des artistes professionnels pour mettre en place des ateliers de technique vocale et scénique, d’intensifier la communication etc.

Surtout, nous cherchons à préserver l’essence de cette manifestation qui est de créer des occasions de rencontre pour les élèves avec les œuvres de l’esprit, avec la langue et la littérature, par le truchement du texte et de la voix et avec des propositions exigeantes mais conviviales. Dans le contexte actuel si particulier où l’accès à la culture s’est terriblement restreint et la convivialité s’est retirée de la vie publique et culturelle, nous espérons que cette rencontre contribue à ouvrir pour le plus grand nombre de nouveaux horizons.

 

 

Caroline Cirendini

Professeure documentaliste au lycée Général et Technologique Dumont d'Urville à Toulon. Néo-titulaire après une première partie de carrière dans le monde de l'art contemporain et de l'édition

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