Événement : exposition « Ciao Italia! » du 11 octobre 2021 au 21 mars 2022 à l’espace Calmette de Cannes

 

1- Introduction

Les archives municipales de Cannes accueilleront du 11 octobre 2021 au 21 mars 2022 à l’espace Calmette l’exposition “Ciao Italia !” conçue par le Musée de l’Histoire de l’Immigration à Paris.

Elle est accompagnée d’une très riche documentation pédagogique qui permettra aux enseignants de monter des projets en classe voire des projets à l’échelle transfrontalière ! 

Le Musée national de l’histoire de l’immigration met à la disposition des enseignants intéressés une très riche documentation pédagogique.

 

2- Présentation de l’exposition

Avec « Ciao Italia ! », le Musée national de l’histoire de l’immigration rend compte pour la première fois à l’échelle nationale, de l’histoire de l’immigration et des cultures italiennes en France, qui reste à ce jour la plus importante de l’histoire française. Dès la seconde moitié du 19ème siècle et jusque dans les années 1960, les Italiens furent les étrangers les plus nombreux dans l’hexagone à venir occuper les emplois créés par la croissance économique. 

Aujourd’hui célébrée, leur intégration ne se fit pourtant pas sans heurts. Entre préjugés dévalorisants et regards bienveillants, l’image de l’Italien en France se dessina sur un mode paradoxal et leurs conditions d’accueil furent difficiles. Entre méfiance et désir, violences et passions, rejet et intégration, l’exposition traduit les contradictions spécifiques de l’histoire de cette immigration tout en mettant en lumière l’apport des Italiens à la société et à la culture françaises. 

Jouant les clichés et préjugés de l’époque et rappelant la xénophobie dont ils étaient victimes, l’exposition s’attache à retracer le parcours géographique, socio-économique et culturel des immigrés italiens en France du Risorgimento des années 1860 à la Dolce Vita célébrée par Fellini en 1960. 

Abordant à la fois la religion, la presse, l’éducation, les arts, la musique et le cinéma, les jeux et le sport, ou encore la gastronomie, elle donne à voir tous ces Italiens, ouvriers, mineurs, maçons, agriculteurs, artisans, commerçants ou encore entrepreneurs qui ont fait la France tout en rendant hommage aux plus connus d’entre-eux à l’instar d’Yves Montand, de Serge Reggiani, de Lino Ventura ou encore des familles Bugatti et Ponticelli. Dans un dialogue original et fécond ce sont près de 400 objets de mémoire, extraits de films, cartes géographiques et œuvres d’art qui sont présentés au travers d’un parcours à la fois sensible et pédagogique où figurent les artistes Giovanni Boldini, Guiseppe de Nittis, Gino Severini, Renato Paresce, Filippo De Pisis, Massimo Campigli, Mario Tozzi, Alberto Magnelli, Leonardo Cremonini. 

 

3- Parabole temporelle de l’exposition

Le Prologue présente les différents moments de l’immigration italienne en France. 1860-1960, l’immigration italienne en 4 grandes périodes: 

  • 1860-1870 : Une nation de migrants


1861 marque l’unité de la peninsula italienne jusque-là divisée. Au même moment, et dans un apparent paradoxe, une partie de la population quitte la Péninsule. Ils sont 14 millions lors de cette “Grande émigration” qui s’étend jusqu’à la veille du premier conflit mondial. Ils seront environ 26 millions, entre les années 1860 et les années 1960. Difficultés économiques, archaïsme social et tensions politiques sont les causes de cet “Ulysse collectif”, un des plus importants mouvements migratoires de l’époque contemporaine. 

On découvre que la concomitance entre l’Unité italienne et le début de la « Grande Emigration » à la veille du Premier conflit mondial entraîne l’arrivée de deux millions d’Italiens en France.

  • 1880-1910 : Violences et passions. 

La migration de masse ne fut pas bien accueillie par les Français. L’épisode des « Vêpres marseillaises » (17-20 juin 1881), qui fit l’objet d’une forte médiatisation, traduisit la xénophobie envers les Italiens dans un climat d’exaspération nationaliste. La « chasse aux Italiens » causa trois morts et vingt et un blessés. Quelques années plus tard, les affrontements à Aigues-Mortes (16 août 1893) produisent un bilan encore plus lourd, avec huit morts et plus de cinquante blessés. Ces deux événements étaient l’expression spectaculaire de manifestations de rejet, largement répandues, d’une immigration perçue comme une « invasion » et associée à la criminalité. 

  • 1920-1940 : A l’ombre du fascisme


Au début des années 1930, jamais les Italiens n’ont été aussi nombreux en France (plus de 800 000). Si, comme par le passé, leur politisation restait faible, la situation politique de leur pays d’origine rejaillissait sur eux. L’arrivée au pouvoir de Benito Mussolini en octobre 1922 produisit de nombreux effets à la fois sur la vie sociale des immigrés et sur leur perception par les Français en raison notamment des tensions entre fascistes et antifascistes dans l’hexagone.

  • 1950-1960 : Dolce Vita ?


L’accord de main-d’œuvre franco-italien du 21 mars 1947 ouvrit la dernière phase du flux migratoire transalpin jusqu’au début des années 1960. A ce moment, en 1960, le succès du film de Federico Fellini imposait dans l’opinion publique l’idée d’une italianité aux allures de « Dolce Vita ». Rapportée à l’immigration italienne, cet état d’esprit participait à faire des Italiens des immigrés aisément assimilables. Si l’ascension sociale était une réalité pour les générations plus anciennement installées, la précarité demeurait notamment pour ceux, nombreux, entrés clandestinement en France tandis que stéréotypes et préjugés condescendants continuaient de perdurer. 

 

4- Le parcours de visite

Le parcours de visite se décline en trois grandes parties

A- Première partie de l’exposition – D’où viennent-ils ? 

Les lieux d’origine des migrants italiens en France dessinent une géographie précise. Des provenances communes se révèlent : les régions du nord de la Péninsule d’abord, non loin de la frontière – Piémont, Toscane, Lombardie, Emilie-Romagne. Plus tard, après la Seconde Guerre mondiale, les régions méridionales. 

La migration implique d’emprunter des lieux de passage, chemins, routes, trains, frontières, gares, ports, centres de contrôle plus ou moins bien définis selon les époques. Ces lieux structurent une mémoire de la migration à la tonalité parfois épique.

Au gré des filières familiales et villageoises et des offres d’emploi, les Italiens se regroupent en France dans les mêmes régions, les mêmes quartiers, les mêmes rues, aux allures de « Petites Italies ». Ils fréquentent des lieux de divertissement dans des cadres formels (associations) ou informels (guinguettes, cafés). On cultive l’entre-soi, le souvenir du pays, mais aussi une sociabilité ouverte car les activités et les pratiques sont inscrites dans la culture populaire : jeux, musique, sport… L’ambiance se veut joyeuse, loin du regard souvent misérabiliste sur l’immigration. 

Les lieux de piété sont d’autres points d’enracinement. La fréquentation des églises – animées par des missionnaires investis également dans l’action sociale – la participation aux fêtes votives ou aux pèlerinages constituent pour les migrants italiens une manière de rester fidèles à leurs racines, de trouver des ressources spirituelles face à l’épreuve de la migration. Dans bien des cas, au sein d’une paroisse fréquentée aussi par des Français, ils s’intègrent à une communauté solidaire. 

B- Deuxième partie – Que font-ils ? 

Au XIXe siècle, les Italiens sont d’abord visibles dans les rues, exerçant des petits métiers ambulants souvent à la limite de la marginalité : saltimbanques, ramoneurs, vitriers, cireurs de souliers, vendeurs de statuettes… Des artisans se taillent une solide réputation dans les domaines de la décoration ou de l’habillement. Ils font écho au génie artistique transalpin qu’incarnent les artistes qui, comme par le passé, continuent de trouver à Paris une source d’inspiration. La culture italienne se diffuse aussi par les gens du cirque, dans les commerces alimentaires, restaurants ou cafés. Le sens de l’hospitalité des Italiens semble les désigner, par ailleurs, au secteur de l’hôtellerie ou de la domesticité. 

Les Italiens sont toutefois plus nombreux sur les chantiers du bâtiment et des travaux publics. Ils forment également les bataillons d’une main-d’œuvre peu qualifiée d’ouvriers et de manœuvres qu’appelle la révolution industrielle dans les usines et les mines. La France manque de bras. Dans les campagnes aussi, les Italiens freinent l’exode rural. 

Le recrutement des migrants est encouragé par le patronat qui apprécie leur robustesse physique, leur habileté manuelle et leur docilité. En acceptant les tâches les plus pénibles et les moins bien rémunérées, ils suscitent, surtout en période de crise, la colère des travailleurs français. 

Néanmoins, le travail demeure un puissant vecteur d’intégration. Il favorise les contacts avec les Français et donne à certains l’opportunité d’une ascension sociale par la création d’une petite entreprise, l’acquisition d’un commerce ou d’une propriété agricole. 

CTroisième partie – Que nous laissent-ils ? 

Les Italiens venus en France ont apporté dans leurs bagages leur culture sous toutes ses formes : politique, linguistique, gastronomique, matérielle ou encore artistique. Le rôle de passeurs, de médiateurs culturels des Italiens est sans doute favorisé par l’appartenance à une même communauté de civilisation latine. 

La langue française s’est appropriée une partie du lexique italien. La gastronomie est appréciée : café, glaces, pasta, pizza sont au goût de tous et désormais à tous les menus. Ces produits révèlent dans leur conception l’habileté des artisans italiens.
L’élégance mais aussi les capacités créatives des Italiens suscitent l’admiration. Dans le secteur mécanique, les automobiles et les motocyclettes aux lignes harmonieusement dessinées, installent l’Italie et les Italiens dans la modernité. Les Bugatti en font le prestige, la Fiat 500 et la Vespa la popularisent. L’image répandue d’un archaïsme transalpin s’estompe progressivement. 

Mais des stéréotypes demeurent, véhiculés notamment par le cinéma et les guides touristiques. « Si tout le monde n’est pas artiste, tout le monde s’occupe d’art », peut-on lire dans les années 1960 à propos de l’Italie. Le talent de ces Italiens venus en France, au registre aussi varié que Leonetto Cappiello, Alberto Magnelli, Leonardo Cremonini, Yves Montand, Lino Ventura ou encore Cino Del Duca… atteste de cette prédisposition. La Dolce Vita de Fellini est perçue en 1960 comme un condensé facétieux de la culture italienne et marque la fin de l’immigration « historique » et visible. 

L’empreinte culturelle italienne en France est profonde. Elle enseigne aujourd’hui la richesse des migrations. 

 

5- La documentation pédagogique

 

Ce dossier a été conçu à l’intention des professeurs de toutes disciplines et de tous niveaux d’enseignement. Il présente les grandes sections de l’exposition, les points d’entrée dans les programmes scolaires et permet de mieux appréhender les différentes notions sur la thématique de l’immigration.

L’histoire de l’immigration italienne constitue une entrée particulièrement intéressante dans de nombreux domaines. L’histoire est bien sûr la plus représentée mais la littérature peut aussi être appréhendée ainsi que l’histoire des arts par le cinéma, le cirque, la peinture, la musique et les arts graphiques. La dernière partie de l’exposition fait la part belle aux artistes d’origine italienne. La richesse de l’exposition permet ainsi de croiser différentes matières. Elle peut ainsi servir de point de départ pour un EPI au collège (cycle 3) autour des langues vivantes, des arts ou même de la technologie. L’étude des artistes italiens peut aussi entrer dans le Parcours artistique et culturel (PEAC) des élèves qu’ils pourront ensuite présenter au brevet (DNB). 

  • Lien 2 (recueil de textes documentaires et littéraires)

 

  • Lien 3 (Parcours pédagogique élèves – Les oeuvres artistiques)

PARCOURS PEDAGOGIQUE ÉLÈVES Les œuvres artistiques dans l’exposition Ciao Italia ! Accompagnement pédagogique de l’exposition Ciao Italia ! 

Cette fiche propose une visite de l’exposition temporaire « Ciao Italia ! , un siècle d’immigration et de culture italiennes en France, 1860-1960 » autour de certaines œuvres d’art. L’étude des œuvres est présentée dans l’ordre d’apparition dans l’exposition. Quelques notions d’histoire des arts et de vocabulaire sont à approfondir en classe en amont ou en aval d’une visite de l’exposition pour une meilleure compréhension des élèves. 

  • Lien 4 (fiche pédagogique 1)

En histoire – Géographie autour de l’immigration en France : “Qu’est ce qu’être immigrés ?” (1ère)

Résumé :
Il s’agit d’étudier l’évolution des conditions de vie des immigrés, de leur place dans la société et du regard que l’on a pu porter sur eux entre le début et la fin du XXe siècle en France. Une appro- che géographique permet de compléter l’analyse aux échelles européenne et mondiale. 

Public (classe) :
1ère ES/L

Discipline (s) :
Histoire et géographie – prolongements en ECJS 

  • Lien 5 (fiche pédagogique 2)

EMC (ECJS)/ Histoire autour de l’Affaire Dreyfus : “Zola l’Italien” (classe de 4ème et 1ère)

Résumé :

Au cœur de l’Affaire Dreyfus, l’intervention de Zola entraîne chez les antidreyfusards une fortehaine contre l’écrivain. Aux thèmes déjà présents de moquerie (scatologie, pornographie…), on ajoute désormais la xénophobie : on reproche à Zola d’être d’origine étrangère, d’être un traître à sa nouvelle patrie, et on lui conseille de retourner en Italie…

Public :

Classe de 4ème ; classe de 1ère.

Disciplines :

Histoire ; éducation civique.

  • Lien 6 (fiche pédagogique 3)

EMC (ECJS) : “Immigration et préjugés” (classe de 1ère)

Résumé :

Aborder la question des migrations d’une façon à la fois historique et géographique.

Partir d’un document du début du XXe siècle pour mettre en évidence les stéréotypes qu’on associait alors aux étrangers et conduire les élèves à s’interroger sur la persistance de ces stéréotypes aujourd’hui.

Public (classe) :

1ère générale

Discipline (s) :

Histoire-Géographie

  • Lien 7 (fiche pédagogique 4)

Géographie : parcours d’immigrés (classe de 3ème) 

Résumé :

Prolonger l’étude de l’immigration en France faite de façon générale en classe de 3ème lors de l’étude de la géographie de la France, en s’appuyant sur des études de cas, présentant des par- cours d’immigrés. Il s’agit ici d’incarner l’histoire de l’immigration en France, de la personnifier, afin de sensibiliser les élèves aux difficultés humaines engendrées par l’immigration. Chaque parcours est différent, chaque parcours est une histoire.

8 parcours sont ici proposés afin de prendre en compte différents pays d’origine, différentes causes de départ, différentes époques…

Les élèves constituent des groupes qui étudieront chacun un parcours puis le restitueront devant la classe sous forme d’exposé ou de panneau d’exposition.

Ces parcours constitueront ensemble un kaléidoscope d’histoires personnelles rendant compte de la diversité de la population immigrée en France.

Public : 

Classe de 3ème

Discipline :

Géographie (géographie de la France)

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