Utiliser Géoportail pour montrer l’évolution de la biodiversité écosystémique

Auteur : Philippe Cosentino

Pour travailler sur des cartes et territoires, l’enseignant de SVT dispose de divers outils que l’on qualifie de SIG (Systèmes d’Information Géographiques). Certains sont très complets mais également complexes, comme QGIS ; d’autres au contraire sont très simples d’accès mais plus restreints, comme Google Earth, qui reste le globe virtuel le plus utilisé dans notre discipline.

Il existe pourtant un outil en ligne, entièrement français, simple d’accès, qui permet d’accéder à un large bouquet d’informations cartographiques, certes limitées à notre territoire : Géoportail.

Afin d’illustrer l’usage que l’on peut en faire, nous proposons ici une activité consistant à suivre dans le temps l’évolution de la biodiversité écosystémique, en prenant un exemple local connu des élèves.

Place dans la progression

L’activité proposée s’inscrit dans le nouveau programme de seconde

Extraits du programme de seconde (2019) :

Capacités
– Au cours de sorties de terrain, identifier, quantifier et comparer la biodiversité
interindividuelle, spécifique et écosystémique.

Connaissances
De nombreux facteurs, dont l’activité humaine, provoquent des modifications de la biodiversité.

Situation déclenchante

On peut imaginer diverses situations problèmes, en fonction de l’actualité locale (les polémiques cadastrales ou touchant à l’occupation des sols alimentent en général la presse locale), ou sinon imaginer une mise en situation fictive :

« Ceux qui ont connu la commune de ###### dans les années 90 décrivent souvent un environnement moins urbanisé, avec davantage de vignobles et de forêts. On se propose de vérifier si cette évolution est bien réelle. »

De cette situation on peut extraire un questionnement : « Comment a évolué la biodiversité écosystémique dans la commune de #### depuis 1990 ? »

 

Déroulement de l’activité

L’activité peut être menée de manière plus ou moins directive, en fonction du temps disponible, des objectifs méthodologiques que se fixe l’enseignant, et/ou du niveau des élèves.

L’interface de Géoportail est très simple, mais il me semble utile de fournir aux élèves une fiche technique présentant les principaux éléments de l’interface. Il en existe déjà, mais elles sont obsolètes, l’interface évoluant régulièrement. Nous en proposons une très sommaire ici (voir à la fin de l’article pour avoir la version modifiable) :

Les couches permettant de visualiser les différents écosystèmes d’un territoire sont regroupées dans le thème « Développement durable », puis dans le dossier « Occupation du sol ».

Il en existe pour 5 dates : 1990, 2000, 2006, 2012 et 2018

Remarque : depuis mai 2019 les calques « Land cover » passés ne sont pas accessibles directement via le catalogue. On peut cependant les rajouter en tapant « Land cover » dans la barre de recherche (je remercie Benoist Laroche pour cette solution).

Dans la présente activité nous sélectionnerons le calque « Corine Land Cover 1990 » et « Corine Land Cover 2018 ».

A noter : le calque « Corine Land Cover 1990 » a la particularité d’afficher la légende correspondant à chaque couleur d’un simple clic sur la carte. Ce qui est très pratique. Pour les autres dates, il faut utiliser la légende situé dans le panneau de droite, et il est parfois très difficile de s’y retrouver dans les nuances de couleur ! Il faut donc conseiller aux élèves d’utiliser le calque de 1990 pour les légendes.

Avec le calque de 1990, les légendes apparaissent directement

Pour les autres dates, il faut se référer à ce nuancier situé dans le panneau « légendes » à droite de l’écran

A ce stade on se retrouve avec 3 calques dans notre sélection (à droite) :

    • un calque « Corine Land Cover 1990 »
    • un calque »Corine Land Cover 2018″
    • un fond de carte (photo aérienne ou carte IGN selon les préférences de l’élève, mais je recommande la carte IGN) ; ce calque doit obligatoirement se trouver tout en bas de la pile

L’opacité des calques « Corine Land » a été réglée à environ 50% de façon à ce qu’on puisse voir le fond de carte IGN par transparence. Il faut veiller à ce qu’un seul de ces 2 calques ne soit visible à la fois (voir fiche technique).

La Moutonne en 1990

La Moutonne en 2018

Une simple comparaison visuelle de ces 2 cartes permet déjà de mettre en évidence une certaine tendance : le tissu urbain, représenté en rouge, s’est étendu entre 1990 et 2018, au détriment apparemment des vignobles. Les forêts (en vert) de conifères et de feuillus, par contre, n’ont pas réellement changé. On notera qu’en 1990 une partie de la forêt avait été détruite par un incendie (en noir), et qu’elle a depuis repoussé (résilience).

Mais il est possible d’aller plus loin, et de quantifier cette évolution.

C’est à ce stade de l’activité à notre avis, lorsque l’élève comprend en quoi consiste cet outil et ce qu’il est possible de faire avec, que l’on peut lui demander de mettre en place une stratégie pour répondre au questionnement initial. En particulier il devra se questionner sur la grandeur à mesurer (réponse attendue : la surface des différents écosystèmes) et sur les résultats attendus si l’hypothèse retenue est valide (une augmentation de la surface des zones urbanisées, une diminution de la surface occupée par les forêts et les vignobles).

Pour mesurer les surfaces, trois approches sont possibles.

Première méthode (la plus simple) : en cliquant sur une zone, une bulle apparaît avec la légende (rappel : seul  le calque de 1990 affiche de manière explicite le nom de l’écosystème), ainsi que la surface de la zone (en hectares), dans le champ « AREA_HA ». La lecture de la surface est directe.

Rappel : 1 km² = 100 ha

Dans cet exemple la surface de la zone correspondant à des lagunes littorales est de 206 ha.

Deuxième méthode : utiliser l’outil de mesure de surfaces intégré à Géoportail. Cet outil est un peu délicat à utiliser (il faut délimiter un polygone en cliquant avec la souris), mais après plusieurs tentatives, l’élève parvient en général à obtenir la surface, comme le montre la capture d’écran ci-dessous.

Troisième méthode : il est possible d’utiliser Mesurim pour calculer automatiquement ces surfaces. Il faudra alors définir au préalable l’échelle en se basant sur la longueur du segment en bas à gauche de la carte (méthode classique avec Mesurim).

A chaque enseignant de voir s’il préfère utiliser l’outil intégré ou passer par Mesurim, s’il est habitué à ce logiciel.

Mesure de surface avec Mesurim

A partir des données recueillies sur la carte par l’élève, ou par la classe (mutualisation des résultats obtenus par les différents groupes), et en utilisant un tableur, il est possible de représenter à l’aide de graphiques (histogrammes ou diagramme circulaires par exemple) l’évolution dans le temps de la superficie des différents écosystèmes.

Comparaison de la superficie des différents types d’écosystèmes dans la commune de la Moutonne, entre 1990 et 2018

L’interprétation en est facilitée.

Et nous pouvons à présent répondre au questionnement posé : s’il est vrai que le tissu urbain s’est développé à la Moutonne au détriment des vignobles, les forêts n’ont pas reculé, elles ont même progressé (et le Var reste un département très boisé).

L’activité humaine (ici l’urbanisation) a donc bien modifié quantitativement la biodiversité écosystémique entre 1990 et 2018 au niveau de la commune de la Moutonne.

Le changement est ici modeste (les écosystèmes forestiers ont notamment été préservés) mais selon la zone étudiée, l’impact peut être bien plus considérable.

Remarques : en fonction de la qualité de la connexion, il arrive qu’un calque ne s’affiche pas, ou que Géoportail se fige. Il suffit de rafraîchir la page avec la touche F5 pour le débloquer ; les réglages et les sélections réalisées par l’élève sont heureusement conservés. Il ne faut donc pas hésiter à rafraîchir la page assez souvent.

Annexes :

Fiche technique Geoportail

Lien vers Géoportail :

https://www.geoportail.gouv.fr/carte

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